Le Droit à l'oubli n'existe pas aux Etats-Unis. Conséquence : faire enlever des contenus diffamatoires dans les résultats des moteurs de recherche est très compliqué. Et ça coûte un bras. Une victime, Jeff Ervine, raconte.
En France et en Europe, il est possible de demander à Google de masquer des informations inexactes ou trop personnelles dans les résultats de recherche. Et cela fonctionne puisque plus de 1 million de pages en Europe ont subi cette sentence. Et cela correspond au désormais fameux concept de Droit à l'oubli. En France, Google a accédé à 48% des demandes depuis 2014. Et la Cnil aiguillonne le géant de la recherche en ce sens.
Aux États-Unis, cela n'existe pas. Et Google lutte férocement au Canada par exemple contre cette mesure.
Jeff Ervine est un exemple vivant des dégâts que cela provoque outre-Atlantique rapporte NPR. Responsable d'un fonds de pension, en 2010, des contacts l'alertent de la présence de résultats de recherche sur le web qui mettent clairement à mal sa probité, et sa réputation.
Jeff Ervine a commencé par hausser les épaules
Au début, Jeff Ervine a commencé par hausser les épaules. Mais les questions des clients et des partenaires se faisaient plus pressantes. "Je passais les 15 premières minutes de chaque réunion à expliquer l'histoire" affirme-t-il aujourd'hui. A force, l'homme demande à ses avocats de contacter l'avocat en chef de Google, avec une simple demande : cesser d'afficher les résultats diffamatoires dans ses résultats de recherche.
Google a simplement ignoré la demande.
Google s'en tient à une règle : aux États-Unis, il n'est pas tenu de supprimer le contenu diffamatoire ou mensonger des résultats de recherche, à moins d'une décision de justice. Les avocats de Jeff Ervine ont donc poursuivi les éditeurs des sites publiant les contenus incriminés. Il a alors fallu plus d'un an pour obtenir gain de cause.
Lors de l'ultime audience, le juge James Holderman a présenté ses excuses à Jeff Ervine au nom du système judiciaire américain. "J'aimerais pouvoir en faire plus" a-t-il dit. Les avocats d'Ervine se sont alors précipités chez Google avec le jugement. Il faudra néanmoins quelques mois à Google pour répondre que oui, l'entreprise aiderait. Puis un autre mois pour le faire de manière effective.
Avertissement en lettres rouges
Et quand Google a cessé de référencer le site diffamatoire, la page de résultat sur la requête au nom de Jeff Ervine portait un avertissement en lettres rouges. Le texte expliquait que les résultats de recherche avaient été modifiés. Comme si Jeff Ervine avait en définitive quelque chose à cacher.
Alors que dans les faits, Google avait commis l'erreur de mettre en évidence de fausses informations à propos de Jeff Ervine. L'avertissement sur la page de résultat est resté en vigueur pendant des mois, même si à ce jour il n'apparaît plus.
Google mentionne de son côté ne pas faire de commentaire sur les cas individuels.
"Le monde de l'Internet est vraiment sauvage" note l'avocat de Jeff Ervine, Charles Lee Mudd Jr., qui a représenté des dizaines d'Américains diffamés en ligne. Jeff Ervine affirme que sa réputation a été endommagée par cette affaire, et que cela a nui à sa carrière. Aujourd'hui, il a créé une société nommée Bridg-it, pour protéger les gens comme lui qui ont été attaqués en ligne. Il ne souhaite pas que quelqu'un d'autre paye, comme il l'a fait, environ 100.000 dollars de frais de justice.
Source : Cette information et actualité qui a suscité notre intérêt, a été publiée sur le site zdnet.fr que nous remercions. il nous a semblé pertinent de vous en faire profiter.