Le projet de cryptomonnaie initié par Facebook, Libra, est d'ores et déjà la cible de critiques et de la défiance des politiques et des autorités de régulation. Facebook pourrait bien payer les frais de ses erreurs et d'une crise de confiance durable.
Facebook passe de nouveau un grand oral cette semaine devant les membres du Congrès américain. Et les élus n'ont pas fait mystère de leur scepticisme à l'égard du projet de Facebook de lancer en 2020 une cryptomonnaie, Libra, mettant en lumière les problèmes de confiance qui continuent de toucher le réseau social.
De nombreux sénateurs ont sans ambages déclaré au directeur de la blockchain de Facebook, David Marcus, qu'ils ne faisaient tout simplement pas confiance au réseau social étant donné les mauvais antécédents de l'entreprise en matière de confidentialité et de sécurité.
L'Association Libra basée en Suisse. Et régulée par qui ?
Les politiques ont dressé une liste de scandales impliquant Facebook, y compris la façon dont le réseau social a été exploité à des fins d'ingérence électorale et a joué un rôle dans l'incitation à la haine qui a alimenté un génocide en Birmanie.
Le sénateur Sherrod Brown, démocrate de l'Ohio, a comparé le réseau social à un enfant jouant avec des allumettes. "Facebook a incendié la maison à maintes reprises et a qualifié chaque incendie criminel d'expérience d'apprentissage."
Pour ce membre du Congrès, pas de doute donc, lancer une cryptomonnaie est une "mauvaise idée" et Facebook est tout bonnement "dangereux". Face à cette hostilité, David Marcus n'a pas eu la tâche facile.
Ce dernier a défendu le projet de cryptomonnaie du réseau social et s'est engagé à ne pas lancer Libra avant d'avoir répondu aux préoccupations réglementaires. Il a toutefois signalé que Facebook ne mettrait pas Libra au point mort, pas plus que le développement d'un portefeuille numérique Calibra destiné à stocker la devise numérique.
"Si l'Amérique n'est pas à la pointe de l'innovation dans le domaine de la monnaie numérique et des paiements, d'autres le seront" a argué Marcus devant le Comité sénatorial des banques, du logement et des affaires urbaines.
Ce commentaire a semblé trouver un écho auprès de certains élus, qui ont en effet estimé que la cryptomonnaie pouvait aider à réduire les coûts de transfert d'argent et le libre accès aux capitaux.
"Je pense simplement que nous devrions étudier la question, examiner les avantages ainsi que les risques et adopter une approche prudente" a préconisé le sénateur Patrick Toomey, républicain de Pennsylvanie, qui siège au comité sénatorial des banques. "Mais annoncer à l'avance que nous devons jeter le bébé avec l'eau du bain... c'est un peu prématuré."
Restaurer la confiance à l'égard de Facebook s'annonce compliqué néanmoins. Pourquoi d'ailleurs lui accorder de nouveau sa confiance ? Marcus a semblé contourner la question en soulignant que Libra impliquait 27 autres partenaires.
Libra, projet basé sur la confiance
Le cadre du réseau social a précisé en outre que l'Association Libra, qui gouvernera la devise, sera établie en Suisse, "non pas pour se soustraire aux responsabilités de votre surveillance", mais parce qu'elle abrite des organisations financières internationales.
Facebook permettrait de plus aux utilisateurs de son portefeuille numérique Calibra de transférer facilement leurs données financières vers un autre service. Cette ouverture n'ira cependant pas jusqu'à intégrer d'autres portefeuilles au sein de Messenger et WhatsApp, voués exclusivement à Calibra.
En ce qui concerne le volet de la protection des données, Facebook a fait savoir que l'Association serait soumise à la régulation du commissaire fédéral à la protection des données et à l'information suisse. Cependant, un porte-parole de l'autorité a expliqué à CNBC ne pas avoir été contacté à ce jour par le groupe Libra.
Les données intéressent particulièrement le législateur, et notamment l'étanchéité entre les données de Calibra et celles du réseau social. Facebook assure que la frontière sera garantie au niveau même de l'infrastructure. La firme s'engage en outre à ne pas utiliser les données de Calibra pour le ciblage publicitaire. La confiance est-elle permise pour autant ?
La confidentialité n'est cependant pas la seule préoccupation du législateur. Certains élus s'inquiètent ainsi de voir la cryptomonnaie être exploitée par des terroristes et à des fins de blanchiment d'argent.
Les utilisateurs de Calibra devraient justifier de leur identité en fournissant une pièce d'identité émise par le gouvernement, répond le dirigeant de Facebook. Mais comme à de nombreuses questions, Marcus a pu se montrer avare de détails.
L'accueil réservé à Libra reste pour le moment assez froid de la part des autorités, notamment du président Donald Trump, qui a mis en doute la réputation et la fiabilité de la cryptomonnaie. Quant au président de la Réserve fédérale américaine, il s'est inquiété publiquement de la façon dont Libra affecterait la stabilité financière et des protections pour les consommateurs.
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